2. Le cerveau n’est pas l’esprit
Mais les matérialistes pensent que la distinction que l’on fait entre son esprit, en tant qu’entité immatérielle, et son cerveau, en tant qu’organe corporel, n’a pas de véritable fondement. L’esprit est supposé être une simple illusion générée par les mécanismes du cerveau. Certains matérialistes pensent que nous ne devrions même pas utiliser une terminologie qui suggère que notre esprit existe. Dans ce livre, nous avons l’intention de montrer que votre esprit existe bel et bien, qu’il n’est pas identique à votre cerveau. Vos pensées et vos sentiments ne peuvent pas être écartés ou réduits à des décharges de synapses et d’autres phénomènes purement physiques. Dans un monde exclusivement matériel, le « pouvoir de la pensée » ou de « l’esprit sur la matière » sont des illusions, le but ou le sens n’existent pas, et il n’y a aucune place pour Dieu. Pourtant de nombreuses personnes vivent de telles expériences, et nous apportons des données suggérant que ces expériences sont réelles.
Par contraste, de nombreux matérialistes estiment désormais que des notions comme le sens ou le but ne correspondent pas à la réalité ; elles sont de simples adaptations favorables à la survie de l’être humain. En d’autres termes, elles n’ont pas d’existence au-delà de l’évolution de circuits neuronaux dans nos cerveaux. Ainsi que le co-découvreur du code génétique Francis Crick l’écrit dans L’hypothèse stupéfiante : «Après tout, nos cerveaux hautement développés n’ont pas évolué sous la pression de devoir découvrir des vérités scientifiques, mais seulement de nous permettre d’être assez intelligents pour survivre et laisser des descendants. » Mais les questions sur le sens et le but sont-elles de simples mécanismes de survie ? Si un tel dédain pour une vie intellectuelle qui couvre des milliers d’années semble si peu convaincant, c’est peut-être pour une bonne raison. Supposons, par exemple, qu’un homme en bonne santé donne en échange de rien un de ses reins à un étranger mourant. Le matérialiste va rechercher chez les taupes, les rats ou les chimpanzés une analogie qui sera le meilleur moyen de comprendre les motivations du donneur.
Il pense que l’état d’esprit du donneur peut être expliqué en totalité par l’hypothèse selon laquelle son cerveau a évolué lentement et avec difficultés à partir du cerveau de créatures comme celles-là. Par conséquent, son esprit n’est qu’une illusion créée par les mécanismes d’uncerveau surdéveloppé, et sa conscience de sa propre situation n’est finalement pas significative pour rendre compte de ses actions.
Ce livre prétend que même si le cerveau humain évolue, cela n’implique pas que l’on puisse écarter l’esprit humain de cette façon. Mais plutôt que le cerveau humain rend possible un esprit humain, là où le cerveau de la taupe ne le peut pas (avec mes excuses à l’espèce des taupes). Toutefois, le cerveau n’est pas l’esprit ; c’est un organe adapté pour connecter un esprit au reste de l’univers. Par analogie, l’épreuve de natation des Jeux olympiques requiert une piscine de niveau olympique. Mais la piscine ne crée pas l’événement olympique ; elle le rend possible en un endroit donné.
Selon la perspective matérialiste, notre conscience humaine et notre libre arbitre sont des problèmes qu’il faut « réduire ». Pour comprendre ce que cela veut dire, considérons ce commentaire sur la conscience par Steven Pinker, un chercheur en sciences cognitives d’Harvard, dans un article récent de Time magazine intitulé « Le mystère de la conscience » (19 janvier 2007). À propos des deux problèmes centraux auxquels les scientifiques sont confrontés, il écrit :
Bien qu’aucun des deux problèmes n’ait été résolu, les neuroscientifiques
s’accordent sur plusieurs de leurs caractéristiques, et celle qu’ils trouvent la
moins sujette à controverse est aussi celle que la plupart des non-spécialistes
trouvent la plus choquante. Francis Crick l’appelle « l’hypothèse stupéfiante »
– l’idée que nos pensées, nos sensations, nos joies et nos peines sont
uniquement des processus physiologiques dansles tissus du cerveau. La conscience
ne réside pas dans une âme éthérée qui utiliserait le cerveau comme un assistant
numérique personnel (PDA) ; la conscience est l’activité même du cerveau.
Puisque Pinker reconnaît qu’aucun des problèmes concernant la conscience n’est soit résolu, soit près de l’être, comment peut-il être si sûr que la conscience est simplement « l’activité du cerveau », impliquant qu’il n’y a pas d’âme ?
Un aspect pratique du matérialisme de Pinker est que le moindre doute peut être étiqueté « non scientifique » par principe, ce qui interdit par avance toute discussion sur la plausibilité du matérialisme. Le matérialisme est sans aucun doute une croyance que beaucoup d’intellectuels ne songeraient même pas à remettre en question. Mais la force de leur conviction n’implique pas qu’il s’agisse d’une description juste de la réalité, ni n’apporte de preuve en sa faveur. On peut donc argumenter en faveur de la conception opposée, ainsi que ce livre va le démontrer.Prochaine : 3. Les approches non-matérialistes ont clairement démontré leur intérêt dans le domaine de la santé mentale.
Note: The English language version starts here.
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Labels: Du cerveau à Dieu, francophone, Introduction
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